La profondeur du lac Baïkal de Michel Juste

 





Titre : La profondeur du lac Baïkal

Auteur : Michel Juste
Editions : Pharmakon Jazz Tango
Année de parution : 2021


Cette chronique est librement écrite en service presse.

Des noms, donnez-nous des noms !

Plonger dans un roman indépendant, c'est comme prendre une bonne bouffée d'air frais en randonnée. Et en période de restrictions diverses et/ou de déménagement, quoi de plus salvateur ? Voilà ce que j'aime dans l'autoédition : peut-être qu'il y a des raidillons ou que l'on suit des précipices parfois mais une fois qu'on harmonise son rythme imaginaire avec celui de l'auteur, qu'on développe sa voix intérieure et qu'on accepte de ranger ses cadres et ses préjugés, on entre dans un espace extraordinaire, à la fois commun et inattendu. C'est que la littérature contemporaine est éminemment la nôtre : fille des classiques, transversale et ancrée dans le présent,  elle peut s'affranchir des conventions. Là, avec Michel Juste, je me régale !
Dès les premières lignes, les prénoms, patronymes et pseudonymes sont en lumière : Michel ou Thierry, Rex ou Alexandre, Emilie ou Zoé, Fario, Nayla, Charlie, Yves, Bernardo... rappelant au lecteur que l'auteur se sent libre d'appeler un chat un chat ou au contraire de lui donner une tout autre étiquette. D'ailleurs, même les lieux n'échappent pas à la règle de l'étiquetage scientifique, en lettres et en chiffres. Preuve en est le Baïkal, dont je connais définitivement la profondeur.




 (L'image ci-contre apparaît sur le site de l'auteur. Saurez-vous la retrouver ?)






Cela dit, très vite on s'aperçoit que tout cela n'est que prétexte et des pièces d'un puzzle surprenant s'emboîtent progressivement pour créer une nouvelle image, un peu comme les images lenticulaires qui ont fasciné mon enfance :


C'est vous dire si La profondeur du lac Baïkal est un roman fascinant, d'autant plus qu'il est court et qu'il se lit en une seule fois, à condition évidemment de prévoir un peu de temps devant soi. En tous cas, à cause du suspense, des rebondissements et des dévoilements successifs, c'est le genre de livre qu'on ne lâche pas avant d'avoir compris le fin mot de l'histoire...

Les variations de l'histoire ou l'histoire des variations

Ce récit ne contient pas une histoire, ni deux, ni trois mais toute une ribambelle, imbriquées dans l'espace temps et nourries de notre mythologie du XXIème siècle : il est question de terrorisme, de Francis Blanche, du Comte de Monte Cristo, de Schubert et de Paul Simon, entre autres, le tout concocté avec une délicatesse et un sens de l'humour qui en fait une symphonie. Etrange, n'est-ce pas ? En tous cas, la tendresse qui sous-tend les aventures du héros malgré lui, un auteur apparemment innocent et victime de la cruauté du monde rend le pire abordable, cette violence qui imprègne l'actualité mondiale. Le lion, le zèbre et le crocodile sortent petit à petit des souvenirs traumatiques, symboles géopolitiques que je ne me prive pas d'interpréter.


Mais jamais, au grand jamais l'auteur - le vrai, celui du livre ! ne se permet d'empiéter sur la liberté du lecteur qui comprend ce qu'il veut et réfléchit à sa manière. Aucune manipulation littéraire dans cette histoire de machinations politiques de ce roman d'espionnage, rien que des farces et des répliques cultes du style : "Mais je ne connais personne dans cette histoire" ou "C'est mon chien qui est aveugle" ou "Ce n'est pas un peu ça ?" J'avoue que, sorties du contexte, ces phrases sont assez anodines mais en les croisant au détour d'un paragraphe, vous comprendrez ce que je voulais dire.
Les amateurs de jeux de mots se régaleront aussi d'homonymie, de polysémies et autres calembours tandis que les passionnés de rock'n roll liront sur les musiques qui ont fait tourné les années 70es. J'en profite pour vous orienter vers les playlists de l'auteur, le vrai sachant que l'auteur, le narrateur, celui de l'histoire doit avoir un peu les mêmes goûts je crois : Ecoutez les playlists sur Youtube.

Une histoire Rock'n Roll d'humour et d'espionnage

Il n'y a pas de coïncidences, mais que des rendez-vous.
En relisant la profondeur du lac Baïkal, je poursuis un échange passionnant avec Yazan, qui fait lui aussi une reprise-variante et vient de poster ceci : "Bein El Aser Wel MaRreb : est une reprise d’une chanson issue de la tradition irakienne. (...) Pour ma part, je l’aborde différemment, je parle de deux côtés de l’Homme, le côté masculin et le côté féminin qui sont en chacun d’entre nous. Je raconte la prise de conscience de leur présence et le perpétuel équilibre en mouvement de leur rencontre. Et j’ose même poser la question du bonheur : N’est-ce pas nécessaire de trouver cet équilibre afin de goûter au bonheur ?"


Sachant que Thierry, dans le roman, devient une fois femme et une autre fois enfant, je trouve que cette description pourrait aussi convenir. Par conséquent que l'on parte de l'imaginaire de Mr Rida Al Khayyat ou alors de celui de Mr Dumas, on pourrait parvenir au même résultat. Qu'importe le flacon ! A l'heure de la cancel culture, c'est du luxe, je vous assure !

Enfin conquise par les thèmes de prédilection de Michel Juste : le rêve et la réalité, le plaisir et la souffrance, l'éthique et la morale, la cuisine et l'engagement citoyen, le masculin et le féminin, je suis toujours volontaire pour les bêtalectures et emportée par mon enthousiasme, j'en avais lu le début par inadvertance en décembre à La Marsa :




Pour acheter les livres de Michel Juste, via son site : https://www.pharmakonjazztango.xyz/

Dans ma pile à lire du mois d'août et de septembre

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