Le bruit de nos neurones, Jean-Louis Dufloux

LLe Bruit de nos neurones

Titre : Le bruit de nos neurones



Auteur : Jean-Louis Dufloux



Editions : Librinova



Année de parution : 2019

Cette chronique est écrite pour un service presse.

Qu'allais-je faire dans cette galère ?

Dès les premières pages, j'ai compris pourquoi je n'avais pas compris la couverture ! Le titre m'avait aiguillée sur un roman basé sur les dernières découvertes en neurologie - ce qui est juste mais j'avais imaginé l'angle professionnel, genre Docteur House mais dans le service neurochirurgical. Je m'attendais peut-être à des confidences subversives à la Winckler. La présentation des personnages ainsi que le prologue m'ont parfaitement détrompée et je me suis retrouvée 100% d'accord avec le relecteur qui affirme qu'il s'agit d'une œuvre d'autofiction.

D'un naturel peu réaliste, je craignis alors de ne pas m'y retrouver. Pourtant, le choix de l'abécédaire et des flashs médicaux allège la lecture : des pépites philosophiques jalonnent un parcours qui pourrait être celui du petit Poucet. A ce propos, il est toujours étonnant de constater l'effet que produit le compte à rebours : fascination, suspense, destinée.
Du coup, à peine au premier quart du livre, je me surprends en pleine identification : le souvenir des mois précédent une opération importante me revient par bribes, par vagues, exactement comme dans Le bruit de nos neurones qui correspond au temps d'attente de l'opération. Le narrateur passe en revue l'essentiel de sa vie en attendant le jour J.


L'épouvantail Parkinson

C'est drôle mais je ne me souviens pas que le nom fatidique ait été prononcé. Cela ajoute au désaccord initial que semble ressentir le narrateur, même si lui même a déjà exploré ce diagnostic dans son premier ouvrage, Cinquante-et-un. Anonyme, cette maladie se range donc avec d'autres pathologies évolutives, occultée par la richesse des souvenirs familiaux.
L'album de famille semble idyllique et contraste d'autant plus avec l'injustice d'une dégénérescence annoncée. Tentative de retour à soi, ce récit est aussi un hommage à ceux qui tiennent le coup, aux conjoints, aux parents et aux enfants qui ne reculent pas, ni devant la vie ni devant la mort, ni devant le meilleur ni devant le pire.
En contrepoint de ces douces présences, l'auteur relève aussi de criantes absences, celle du père déserteur par exemple. En ramenant la vie à l'essentiel, la maladie dévoile les évidences.
Ce portrait de famille est empreint de bienveillance et de lucidité aussi. On ressort de cette lecture plus serein peut-être, plus détaché, plus sage.

Roman Feel-Good ?

Malgré la maladie - et sans doute grâce à elle, il y a un parti-pris dans ce livre. Celui d'accepter la magie des mots et du présent. Au fur et à mesure du récit, le choix des entrées de l'abécédaires est tellement positif qu'il entraîne de fait d'heureuses conséquences. Voici quelques entrées : Amour, Bonheur, Chance, etc avec cependant des détours par le Gouvernement ou le Hasard pour terminer par le Yin et le Yang et le Zen. La lecture elle-même en devient initiatique par une heureuse contagion.
Ce qu'on y gagne aussi, c'est peut-être de s'intéresser à ces infimes cellules que l'on sollicite sans les connaître et de s'émerveiller de ce qui fonctionne plutôt que de s'apitoyer sur soi. Les lois de la nature font bien tourner le monde jusqu'à présent.




 Je ne sais pas pourquoi l'histoire me rappelle tellement la chanson de Berthe Sylva qu'affectionnait ma grand-mère. En l'écoutant, j'ai l'impression d'être sur le rivage et de chercher loin à l'horizon cette innocence d'avant... et en même temps, la musique n'est pas aussi triste que les paroles : elle va comme va la vie, joyeusement.
J'ai refermé ce livre à regret. J'espère qu'il aura une suite et que l'auteur saura encore nous faire partager le goût des rayons d'un soleil couchant aux accents si chaleureux.


Le bruit de nos neurones

Pour l'avoir à soi, en numérique ou en papier, le site de Librinova : https://www.librinova.com/librairie/jean-louis-dufloux/le-bruit-de-nos-neurones

Que lire ensuite ?

C'est à l'association Ecriture Plurielle que j'ai entendu parler d'un roman indépendant : INUUNEQ (Une idée de la vie) de Fiji. Merci à Sylvie de me prêter son exemplaire !

Commentaires

  1. Cela fait un plaisir fou d'écrire pour des personnes qui saisissent l'esprit et les lettres de ce que l'on a souhaité faire. Merci et bonne journée

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    1. Merci de votre intérêt pour ce modeste avis : ce récit me trotte encore dans la tête... Il y aurait tant à dire encore. Belle semaine, Céline.

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  2. Critique à la fois belle, très précise, et juste.

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    1. Cher L'amiral, vous allez me faire rougir (et m'obliger à corriger mes coquilles ;-) ) Belle semaine et au plaisir de vous lire ;-)

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  3. Je partage totalement cette critique .

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  4. Merci - et si je puis me permettre, voudriez-vous me donner un titre de livre, à votre tour ? Je suis toujours ravie d'avoir des idées de lecture... Belle semaine et à bientôt, j'espère !

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