Le Quatrième Royaume - Daniel Rigaud
Titre : Le Quatrième Royaume
Auteur : Daniel Rigaud
Edition : Autoédition/ Publishroom
Année de parution : 2018
Cette chronique est écrite grâce à Simplement Pro, le service presse.
Au carrefour des sciences
Malgré tous mes efforts, je dois dire que je ne me souviens pas très bien des classifications du vivant qu'on m'a enseignées au collège. En revanche, lorsque j'ai lu 30 ans plus tard, les cours de mon fils en cinquième, j'ai découvert avec stupeur que, pour les sciences et vie de la terre, les 4 règnes du vivant étaient : les bactéries, les champignons, les végétaux et les animaux. Cela m'avait déjà fort donné à réfléchir.Le Quatrième royaume commence bien en-deça et se poursuit bien au-delà.
Dès l'introduction, l'auteur nous offre un magnifique tour de l'univers sous un éclairage philosophique autant que physique. Même quasi sans culture scientifique, on suit le déroulement d'une réflexion aussi simple que contagieuse. Son approche du "hasard", de la "vie" ou de l'"Europe" résonne de telle façon qu'il m'était impossible de ne pas y repenser souvent. Bref, cet essai manie des idées qui ne demandent qu'à se propager.
Ce qui m'a particulièrement plu, c'est le décentrage. Tout-à-coup, entre l'infiniment petit et l'immensité, la personne que nous sommes n'est qu'une personne.Et cela nous soulage d'un seul coup de la culpabilité... en nous armant peut-être de responsabilité, d'"envie d'agir" comme on dit aujourd'hui.
C'est un ouvrage à déguster, pour prendre de la hauteur, de la distance et revenir à soi sans égoïsme.
Simple érudition & sagesse encyclopédique
Je ne vous resservirai ni la science sans conscience, ni la ruine de l'âme mais j'ai beaucoup apprécié la dimension humaniste du Quatrième Royaume. Actualités nationales et internationales servent de toile de fonds à une redistribution des enjeux et des lignes de force. En ces temps de débat national et de gilets jaunes, faire le tour de ses connaissances et de ses facultés de penser par soi-même n'est pas un luxe. Parfois, l'évocation des abus et des dérives actuelles est franchement drôle, comme vue par les yeux d'un Persan : peut-être Rabelais, Montaigne ou Montesqieu 4.0...Si les notes en bas de page donnent d'utiles références, on est tenté aussi de visiter le blog repère : Conjecture 4.0 Différents articles, par définition plus concis, y abordent les sujets d'actualités, jouent avec la poésie en parodiant François Villon, donnent des considérations politiques. Les problématiques y sont recontextualisées et surprise ! ... le vocabulaire (ADN, groupes sociaux, etc) nous renvoie à l'ouvrage que nous tenons entre les mains. La boucle est bouclée. Tout est parfaitement cohérent.
La biographie de l'auteur est impressionnante. Il a fréquenté les meilleures écoles et les plus grandes entreprises. Et pourtant, je me pose des questions : est-ce qu'en cultivant ses facultés de comprendre et de penser dans les meilleurs terreaux, les meilleurs creusets, il n'aurait pas éludé, paradoxalement, des réalités qui échappent à la raison, à l'analyse et à la synthèse ? N'aurait-il pas construit une vision géniale mais aussi parfaitement personnelle ?
De ce que j'imagine en refermant l'ouvrage, les groupes sociaux de ce quatrième royaume sont comme de vastes navires, pilotés par un élan commun, où l'on serait en sécurité. Selon les cas, verticaux ou horizontaux, ils prennent l'histoire, le passé, le présent et l'avenir, dans un vaste maillage d'une logique harmonieuse. S'ils se croisent, ils se teintent respectivement. C'est un vaste ballet savamment orchestré. J'ai envie d'y croire, enfin plutôt, j'y crois, pour ce qui est de l'interprétation du présent.
Et le monde dans tout cela ?
D'un autre côté, c'est trop beau. La démonstration est trop claire, trop lumineuse, trop imparable. Surtout à la fin, sachant que les définitions et les constats ont été posés : on entre alors dans une ébauche des perspectives d'un programme pour chaque groupe social. C'est là où le bât blesse. Jusqu'aux derniers chapitres, je suivais plutôt bien le raisonnement dans une approche que je qualifierais de systémique. Ensuite, je me suis perdue dans l'énoncé des divers programmes.L'auteur prend une hauteur qui exclut toute appartenance aux groupes sociaux précédemment décrits, voire à l'humanité. Apparaît alors un indéfini : ce "on" qui pilote ou supervise. Toute cette clarté s'avère être celle d'un point de vue du "ciel" si je puis dire. Qu'en est-il en revanche de l'expérience (des émotions aussi) à l'intérieur des groupes ? Ma perplexité est sans doute plus intuitive que raisonnée - peut-être ai-je lu trop de dystopies aux enfers joliment pavés. Du coup, dans cette quasi utopie, il me manquait ce qui fait l'humain, fort et faible, éphémère et éternel, insaisissable et prévisible, émotif et rationnel.
La dimension européenne m'interroge également. Pourquoi ne pas réfléchir à une échelle plus globale ? Où est passé le reste du monde (hormis quelques pages à la fin) ? Comment ces 750 millions de citoyens fonctionneraient-ils indépendamment du reste de la planète, qui ensuite les suivrait ? Quelle est la validité des catégories dans le temps ?
Toutes ces questions amorcent sans doute le débat que l'auteur souhaite ouvrir.
Le pari est donc gagné de bouleverser les habitudes de penser pour éveiller en chacun l'envie d'évoluer et surtout d'embrasser une destinée plus grande que celle de sa petite personne.
Que lire ensuite ?
Tous les numéros de l'Indépanda...
...Sauf le 1 que je connais déjà car c'est une plongée dans la littérature de l'imaginaire, d'aujourd'hui et de demain. Je vise plus spécialement le n°6 pour l'étrangère qui habite chez moi de Khalista Farall. En effet, depuis que j'ai consulté sa biographie, je rêve de parcourir toue sa bibliographie ! En attendant...Le Quatrième royaume - Daniel Rogaud
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