Printemps de funérailles de Alexandre-Fritz Karol

 


Titre : Printemps de funérailles
Auteur : Alexandre Fritz Karol
Edition Crin de Chimère

Année de parution : 2020



Cette chronique est écrite pour le Prix des Auteurs Inconnus- Sélection 2020

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Le Steampunk flamboyant 

Si on considère que la fiction oppose souvent les bons" et les "méchants", on aura tendance à penser que le lecteur va s'identifier à la première catégorie soit par choix, soit par injonction morale. Rares sont les ouvrages qui prennent le parti des monstres sans opter pour la révélations de qualités ignorées. Je pense à L'Adversaire o u Aux larmes de l'assassin, voire aux Bienveillantes
Et pourtant, la perversité de la nature humaine fait que les mauvais rôles attirent et fascinent. Apparemment sans risque, par la magie de la procuration littéraire, on peut fréquenter les pires quartiers  et s'identifier à des personnages qu'on n'oserait jamais fréquenter sinon. Un peu comme si l'empathie n'avait pas de sens en réalité et qu'on puisse la tourner tout autant vers la victime que vers l'agresseur.
Grâce à Alexandre-Fritz Karol, on évite tout cas de conscience : tous les personnages ont bien développé leur côté obscur, côtoyant la mort avec plus ou moins de cynisme, avec plus ou moins d'intérêts. Des bas-fonds aux plus hautes sphères d'un univers entièrement inventé et bougrement familier (à se demander si l'auteur ne s'est pas amusé à y semer toutes ses clés....), tout le monde en prend pour son grade et on peine à déceler ne serait-ce que l'ombre de l'innocence. Bref, Printemps de Funérailles est une aventure sombre, désespérée, infernale et diablement stylée dans une ambiance que la couverture illustre à la perfection.
Et pour le côté "Punk à vapeur", je ne sais pas pourquoi j'ai cette sensation tenace que ce roman puise sa source dans un certain imaginaire à la fois inquiétant irrationnel et complètement déjanté... qui me rappelle un peu celui d'Alice de Tim Burton mais en moins féminin toutefois...
Cela dit, pas de merveilles, mais plutôt des pouvoirs magiques et politiques, des sorts et des morts, des enquètes, de l'espionnage, de l'aventure et de l'action ! Du concret au rythme effréné de l'imaginaire débridé.


Alchimie de l'humour et de l'horreur

Une chasse à l'homme d'une nature peu commune puisque l'homme n'en est pas un, mais le chasseur si ! Loin de moi l'idée de spolier quoique ce soit mais pour vous éclairer sachez que le roman début sur une charrette pleine de cadavres dont il s'agit de faire l'inventaire. Le chasseur de prime semble de prime abord assez surhumain mais en réalité c'est qu'il bénéficie de deux atouts majeurs, le premier étant son chat, une créature fort sympathique, drôle et plein de répartie que son maître semble pourtant difficilement supporter. Son deuxième est un objet qui ne le quitte pas et fait partie de sa panoplie. Comme le roman va crescendo, on comprend au fur et à mesure le sens de certaines allusions dont la portée est à retardement. Bref, un festival digne du Carnaval de Rio mais dans une atmosphère empreinte des mystères du pouvoir. Car il s'agit également de déjouer les malversations des grands pontes qui se sont accaparé le pouvoir. N'y aurait-il pas un brin d'anarchisme, car l'auteur s'amuse visiblement à saper toute autorité, y comprise celle de l'argent.

Une galerie de personnages hauts en couleurs

Les portraits des personnages sont exceptionnels : chaque caractère est poussé dans le moindre détail jusqu'à sa saturation maximum. Du coup, on aurait presqu'envie de les dessiner dans les marges. Le Chat transformer, le général zozoteur et le dandy cynique sont des archétypes du XXIème siècle, forgés par l'univers du jeu ou des lignées légendaires de chats remarquables, de dictateurs ridicules et de héros plus ou moins assumés. Leurs réparties sont mythiques elles aussi, et l'auteur doit avoir un sacré talent pour les punchlines dans la vie. Je redoute déjà ses commentaires sur cette chronique s'il expérimente dans la réalité tous les calembours et piques spirituelles qui pimentent chaque épisode !
Même si Luther F. emporte mon adhésion sans mélange, j'apprécie beaucoup le chat qui sous un déferlement de bons mots et de formules irrésistibles, adopte parfois la voix de la sagesse.
Enfin, parmi les grandes voix actuelles, Sevdaliza serait celle qui s'approche le plus de notre héroïne, dont la tête est mise à prix :






Pour résumer, Printemps de funérailles est un kaléidoscope subversif qui a le pouvoir dans le collimateur et met paradoxalement de bonne humeur... Allez savoir comment ? C'est magique !


Pour en savoir plus sur l'oeuvre de Alexandre-Fritz Karol



Dans ma pile à lire du mois d'octobre

Mediavilla, et autres écrits faisant référence au Moyen-âge pour mieux suivre une formation extraordinaire d'enluminure médiévale à L'ISEEM d'Angers 

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