Obsèques à la carte - Amélia Pacifico

   







Titre : Obsèques à la carte

Auteur : Amélia Pacifico

en autoédition

Année de parution : 2020


Cette chronique est écrite pour le Prix des Auteurs Inconnus- Sélection 2020

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Mine de rien, la mort est une grande part de vie

Inspirer, expirer.
Veiller, dormir.
Se souvenir, oublier.
En théorie, on est bien d'accord sur la polarité ; en pratique, c'est une autre paire de manches.
J'ai comme l'impression qu'on essaie d'oublier en permanence notre condition mortelle en gommant les aspects qui s'y rapportent. Bref, la mort n'est pas un sujet bien familier, ce qui accentue sans doute le poids du deuil, difficile à partager et parfois tellement mal vécu que la douleur mine le restant de l'existence de ceux qui n'ont pas réglé leurs comptes.
Le RIP parfois relayé sur les réseaux et agrémenté de l'émoticône en larme (au singulier) ou solidaire peut sembler bien rapide, pour un retour à la paix vite fait.
On peut dire qu'Amélia Pacifico la bien-nommée prend le taureau par les cornes : explorer à fond ce sujet d'un point de vue extérieur, du point de vue des vivants qui regardent quelqu'un de mort, quelqu'un de proche ou de lointain d'ailleurs, et qui doivent trouver une solution.




Le challenge est réussi : la mort est là, dépouillée de tout.
Pas de considérations ésotériques, ni religieuses, ni imaginaires,
pas d'anges, ni de démons, ni de psychopompes,
pas de réincarnation, pas d'au-delà, pas de constellations familiales,
pas d'enfer, pas de paradis, ni de purgatoire d'ailleurs,
pas de considérations philosophiques sévères ou consolatrices,
pas de Grande Faucheuse, pas de Fileuses maléfiques, pas de punition divine,
rien que la dépouille, les obsèques, l'héritage.
Et c'est déjà pas mal.
Et alors que pour ces aspects pratiques, on croyait naïvement tout savoir on se découvre bien mal informé.e sur bien des points ! (Enfin, pour ma part du moins...)

Le thinking design et la littérature

La construction de ce roman est simple, claire, nette et précise : la petite entreprise de Lila est une solution au ressentiment qu'elle nourrit depuis la cérémonie ratée pour son grand-père. Et elle en a gros, surtout que sa mère, parfaitement insupportable, ne manque pas une occasion de lui rendre la vie infernale. Et pourtant, Lila a tout pour être heureuse : un mari aimant, une amie dévouée, des enfants charmants - sauf que sa grande est en plaine crise d'adolescence. C'est l'occasion d'explorer sur quatre générations (car j'inclus l'étrange mamie "réincarnée", enfin c'est une manière de parler) les relations mère-fille.
J'avoue que j'aime bien aussi ce thème.
Vous l'avez compris, cette histoire très optimiste et pratico-pratique m'a rappelée l'ambiance "coworking" où l'on se retrouve entre gens bien intentionnés autour de la machine à café, pour démarrer la journée en mode bujo - efficacité, bienveillance, équilibre.


Au fil des pages, on découvre une galerie de portraits sous l'angle de leur vision de la vie et de la mort : l'hédoniste angoissé, la vieille acariâtre au cœur d'or, le stagiaire mal dégrossi-ultraperformant, comme si la rencontre avec notre vaillante héroïne avait le don de changer les défauts en qualités.
Une héroïne des temps modernes, ni tragique, ni comique, qui effleure les émotions en gardant le cap. Point barre. Un peu idéalisée à mon goût, un peu aseptisée peut-être (ce qui n'engage que moi....)

L'effet empowerment : mortel !

Si le consensus est voulu, évident et assumé, ce roman a produit sur moi un effet énorme !
Tout-à-coup, je me suis sentie très concernée par mes propres funérailles. J'ai visualisé mes proches en train de s'épancher dans le carnet autocopiant de Lila, se plaignant de l'absence d'indications que j'avais laissées au sujet de mes dernières volontés et craignant de prendre la mauvaise décision.
Donc en tournant la dernière page, ma résolution était prise, j'allais écrire la lettre à ouvrir après ma mort, surtout que maintenant je sais quoi mettre dedans. 
Grâce à ce roman, j'ai fait le tour de toutes les questions épineuses : crémation , inhumation, dispersion, préséances, discours, fleurs, chansons, etc... Pour ma part, je voudrais bien que tout le monde se paie un resto bien arrosé en se racontant des souvenirs, comme autrefois à la campagne. D'ici là, je voudrais bien voyager un peu quand même alors il me reste tout de même une petite question sur le rapatriement, mais je me suis laissée dire par Pierre, mon conseiller funéraire ;-) qu'Anubis s'occupe de tout :



En bref, c'est un livre déconcertant de légèreté et d'empathie, animé de tellement bonnes intentions mais qui peut, en se retrouvant dans toutes les mains, mettre le sujet sur la table, dans la bonne humeur et sans heurts. 

Pour en savoir plus sur l'oeuvre de Amélia PACIFICO






Dans ma pile à lire du mois d'août

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