Devine qui est mort - Frédérique Hoy

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Titre : Devine qui est mort ?

Auteur : Frédérique Hoy

Autoédition

Année de parution : 2018


Cette chronique est écrite pour le Prix des Auteurs Inconnus - 2018-2019.


Secrets de famille

Les premières pages donnent la note... puisque l'héroïne est une flûtiste renommée : l'histoire oscille entre les résurgences d'un passé terrible et la clarté luxueuse de la scène philharmonique parisienne. La flûte est le fil rouge d'une histoire qui traverse une vie entière et dont les variations nous invitent à nous poser la seule question qui vaille la peine :

Comment est-ce que je veux vivre ?

L'autrice est une artiste accomplie puisqu'elle réussit à montrer la victoire de la vie en reprenant le refrain éponyme : "Devine qui est mort ?" Elle dévoile petit à petit, emballé dans l'humour et l'amour, au cœur du secret. Et voilà l'auditeur - oups, je voulais dire le lecteur ! embarqué dans l'histoire universelle des familles qui ont quelque chose à cacher et qui s'y emploie énergiquement, jusqu'au jour où la vérité explose.

Pourtant, le roman évite l'explosion de la révélation par un tour qui m'a laissée pantoise. Une fin savamment orchestrée qui nous fait reconsidérer ce qu'on a lu au début, sans prendre garde, sans y faire attention. Dans ce juste retour des choses, le lecteur se retrouve un peu éclaboussé de la même responsabilité qui entache l'entourage qui a eu tendance à tirer un peu trop vite les conclusions de la situation.

Transformer le mal en bien : l'art thérapie

Dans les secrets de famille, il y a une responsabilité partagée entre les différents membres de l'entourage : ceux qui savent la vérité sans la dire, ceux qui maquillent délibérément, ceux qui voudraient que tout aille pour le mieux et se souviennent d'oublier, ceux qui étaient trop jeunes pour comprendre, etc. Ce méli-mélo est parfaitement visible grâce aux sauts dans le temps et surtout aux souvenirs qui sonnent si juste.

La jeune victime ne juge jamais la situation. Elle l'accepte comme elle est. Elle tente de survivre, c'est tout. Il n'y a ni plainte, ni revendications, ni même de protestations face à l'inacceptable initial. Ce sont les conséquences qi posent problème. Mais il n'y a rien à faire. Devine qui est mort ? est une tragédie moderne, hélas partagée comme l'attestent les archives historiques, belges ou françaises qu'importe. Dans de telles situations, l'enfance se retrouve doublement volée en silence : par l'agresseur et par l'entourage. C'est pour ton bien, lui dit-on. Et elle plie.

Celle qui juge, c'est l'adulte qu'elle est devenue et elle le fait sans détours, sans chercher à diviser la faute, directement. Cette lucidité sur elle-même, sur ce qu'elle est, sur ce qu'elle a été, sur ce qu'elle aurait pu être, est née de l'impossibilité de jouer de la flûte traversière, comme si la pratique de la musique lui avait permis de surmonter son passé. Quand Anne de Morange prend conscience de l'ampleur des dégâts, quand elle a fini par démêler ses souvenirs de la réalité, elle se décide pour une solution extrême.

Pour la fin, j'aurais préféré...

Eh oui, ce n'est pas mon habitude de vouloir transformer les scènes finales. Mais là, j'ai trouvé que l'autrice qui avait tissé un récit subtil, tout en variations, lâchait brusquement les nuances délicates qui nous avaient conduites ici. Le maëlstrom final est un point d'orgue démesuré, reléguant au plus sombre les quelques lumières qui s'étaient faites. Or, j'aurais préféré - Oui je l'avoue, j'outrepasse sans doute les droits du lecteur, j'aurais préféré aller jusqu'au bout dans la volonté de clarté. J'aurais préféré que l'héroïne transforme plus qu'elle ne déguise, j'aurais voulu qu'elle traverse ce tunnel jusqu'à l'autre bout avec ceux qu'elle aime. J'aurais préféré ne pas garder comme un arrière-goût amer, la sensation qu'il était trop tard, que l'essentiel était raté et que la vie ne valait plus la peine.
J'aurais préféré (Moi qui ne suis pas très psy, c'est un comble !) qu'elle entreprenne une analyse d'abord plutôt qu'ensuite. J'aurais préféré que son art lui ouvre une porte dérobée...
Cela dit, je me demande si je ne suis pas atteinte du même syndrome que tous les personnages de ce roman : celui de réécrire l'histoire, de rejouer la scène de façon plus avantageuse, de métamorphoser ce qui est en autre chose, ce qu'on voudrait qui soit.

Alors là, Frédérique Hoy, chapeau ! Vous réussissez même à mettre en doute nos a priori de lecteurs ;-)

Devine qui est mort ? Frédérique Hoy

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Que lire ensuite ?

L'embarras du choix m’inhibe complètement. Dans ces cas-là, je vais discuter avec une boîte à livres de coin de rue. La précédente m'avait offert l'énnéagramme, celle de vendredi un récit de Vercors, demain je traverse la place Guichard...
Et surtout, la campagne Ulule nous occupe bien : https://fr.ulule.com/autoedition-lyon/
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