Celle qui n'était pas assez noire - Michel Juste

Titre : Celle qui n'était pas assez noire


Auteur : Michel Juste

Édition : Pharmakon Jazz Tango

Année de parution : 2018

ISBN : 9782363159335



A l'abordage, moussaillons !
Michel Juste en se perd jamais en détours.
Dès les premières lignes de ce roman, on connaît les crimes, les criminels, les préméditations, la meurtrière, le mobile, bref, tout est clair comme de l'eau de roche. C'est que le suspense ne réside pas dans le pourquoi mais dans le comment. D'ailleurs, la préface nous éclaire aussi en pleins phares puisque l'auteur nous donne le second niveau de lecture. Le règlement de compte dont il est question ne concerne pas une simple vie humaine, c'est une transposition des affres de la colonisation des Caraïbes au XVIIIème siècle, là où toutes les colonisations prennent racine. Le destin exceptionnel d'Angèle est le miroir de l'histoire du monde. Ni plus ni moins. Autant dire que le lecteur aborde le récit pour le moins averti, le couteau serré entre les dents, prêt à en découdre avec les exactions occidentales et autres crimes contre l'humanité.


Pour ceux qui ont l’œil marin et le goût de la pleine mer

Et bien sûr, l'abordage frontal, c'était trop simple. Avec ces bons et ces méchants identifiés depuis le début, on ne s'attendait pas forcément à la complexité des actions, aux revirements dans les épreuves, à la nuance dans les empathies. Tout d'abord, cette héroïne : incroyablement belle et courageuse, n'exagère-t-elle pas tout de même dans son plan de vengeance ? Ne met-elle pas sur la balance un peu trop de son humanité, sa dignité, son honneur, sa vie ? Et puis les personnages qu'elle croise, fascinants chacun à sa manière, ne leur attribue-t-elle pas sciemment le caractère qui l'arrange ?
Le narrateur nous mène au cœur de la tempête, là où l'on craint le naufrage à tout instant. Et les rebondissements qui m'ont empêché de lâcher le livre une fois commencé sont dignes de ceux de la vraie vie : improbables.

A quoi tient la vraie vie

Reste le style d'écriture inégalable de Michel Juste. Ici, ce qui est incroyable, c'est que la phrase tangue comme les voyages en mer. Quand j'ai refermé le livre, j'avais l'impression de retrouver la terre ferme. Étonnant ! Ce ne sont pas les pays et les traversées qui font cet effet, même si le périple est immense. C'est plutôt un jeu dans la rétrospective  avec une narratrice déjà assagie qui raconte avec toute la force des émotions vécues. L'invitation musicale est omniprésente Tous les sens sont en éveil. Heureusement car ils forment les liens qui relient les personnages à eux-mêmes, tout autant qu'à nous lecteurs.
Et quelle bonne idée de proposer une playlist contemporaine, même avec Bach ;-) à écouter différemment après avoir suivi Angie. En somme, je trouve que c'est un livre à lire de mille manières qui plaira aux pirates, aux rêveur/ses, aux sensuel/les, aux féministes, aux engagé/es, aux aventurier/es e aux adeptes des cartes aux trésors.

Que lire ensuite ?

Eh bien, disons que l'époque est au polar : il fait sombre, froid, on remonte le col de son paletot et on regarde ses voisins d'un air soupçonneux quand ils prétendent avoir égaré leurs clés. Le temps des nourrices de la banlieue lyonnaise n'est pas si loin de nous n'est-ce pas, surtout à la Duchère. Alors pour mieux me calfeutrer, je choisirai peut-être les grandes oreilles, les grands yeux et les grandes dents de JD : Le fantôme de l'A72.


Celle qui n'était pas assez noire - Michel Juste, 2018.

Pour l'avoir à soi : https://www.fnac.com/Michel-Juste/ia4419195
À consulter aussi le site Iggybook : https://michel-juste.iggybook.com/fr/
Et Pharmakon Jazz Tango bien sûr : https://www.pharmakonjazztango.xyz

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