Si c'est pas sûr, c'est quand même peut-être - Magali Discours
Titre : Si c'est pas sûr, c'est quand même peut-être
Auteur : Magali Discours
Editions : Librinova
Année de parution : 2019
Cette chronique est écrite pour le Prix des Auteurs Inconnus- Sélection 2019
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Amis collectionneurs, bienvenue dans la brocante littéraire de Magali Discours !
D'après le CNTRL, le mot "discours" est emprunté au latin classique discurrere « courir de différents côtés, se répandre » : c'est le pseudonyme idéal pour une autrice qui s'est fixé comme objectif de réunir les pièces du puzzle de la vie du Papé - et accessoirement de celles qui gravitent autour de la sienne, d'une manière ou d'une autre. (D'ailleurs, je me demande si ce Papé est quelqu'un de sa famille ?-la dédicace me le laisse croire...)Biographie d'un inconnu peut-être, ce roman au titre improbable prend plaisir à établir des liens, entre la Grande Histoire et ses héros d'un jour ou de toujours et la petite histoire de nos vies quotidiennes.L'histoire se passe en 2005, mais aussi dans la période juste avant pour les préparatifs, en 2004, et nous offre des flashbacks dans la seconde moitié du XXème siècle, celui des guerres et des prémices de la mondialisation... On passe du 22 à Asnières à internet.
La narratrice navigue entre ses trois fils, qui forment la trame de son histoire et se rejoignent comme par magie, et comme une évidence à la fin du roman - remarquable de sobriété. Elle tricote les récits d'après guerre, les bonbons à l'anis, les chansons d'époque - dans une playlist tellement familière ! Elle entrelace le prosaïque et l'idéal, la vie, l'amour, la mort, le meurtre et le suicide, les rires et les désespoirs. J'avais souvent les yeux trop embrouillés pour continuer ma lecture et les pensées en vagabondage...
Le détail de nos vies, ne serait-ce pas l'essentiel ?
Magali a réussi à mettre en parfaite adéquation le fond de son discours ;-) et le scénario de son histoire. En traversant ce magasin de curiosités qu'est ce récit où le vrai et la fiction s'entrecroisent et se mélangent, je me disais bien qu'au fond, l'éphémère et l'insaisissable sont l'écume qui restera de nos vies, si intenses soient-elles.La plume poétique de l'autrice invite tellement à l'identification comme une plongée dans les rôles : la matrone généreuse, l'artiste déchu, l'écrivaine (un brin) cynique, l'étudiant acharné, la femme jalouse ou délaissée, l'ami engagé, l'exilé solitaire, l'orpheline un peu perchée... qu'au fil de ma lecture, je pense m'être successivement confondue avec chacun de ses personnages, définis par leur part d'humanité, sans justification et sans fioriture, juste avec le suspens de ce qui arrive quand on n'a pas tout prévu : et on ne peut jamais tout prévoir...
Restent alors l'accordéon même si personne n'en joue plus, la nostalgie d'une époque quand on en a finalement gommé les ignominies, et qu'on peut s'attendrir sur les documents jaunis qui s'en tiennent aux faits infimes et les fleurs bleues séchées des souvenirs reconstruits comme on aurait voulu les vivre...
C'est la vie qui va
Cette histoire aurait pu être aussi déchirante que La Strada de Fellini.Ce qui nous sauve de la tragédie, c'est le regard de la jeune troupe de théâtre amateur qui dispose les valises de ce bourlingueur de Papé dans l'ultime mise en scène de sa vie. Avec un effet Vache-qui-Rit (Lisez "mise en abyme") bien mené, il nous aide à accueillir cette histoire tragique qui est la nôtre mais qui ne se reproduira pas - sur cette même forme en tous cas. "Ces gens-là", patinés par le temps, ont perdu de leur âpreté et les"peut-être" d'autrefois se sont transformés en "sûrement" d'aujourd'hui...
A sa manière, notre jeune troupe en recherche du passé esquisse les premiers pas d'un avenir vibrant d'espoir et d'interconnexions où la liberté est une promesse. Elle redéfinit la famille. Ce devoir de mémoire est un tremplin vers la paix. J'espère qu'il y aura une suite avec le prochain spectacle de cette équipe de rêve.
En refermant ce livre, j'imagine en souriant ce qu'on pourrait trouver dans les valises de ma vie : des automatic pens peut-être, des colliers de pâte et pas mal de courants d'air ;-)
Post-scriptum : toute ma gratitude pour la socca - à défaut de celle de Renée et de la tante Edmée qui cloquait sur la tôle, je tenterai celle du plat pyrex gratiné au four à fond - et ça tombe bien il ne fait pas trop chaud aujourd'hui ;-)
Si c'est pas sûr, c'est quand même peut-être... | Magali Discours
Merci à la MEP pour les images des collages de Prévert
Que lire ensuite ?
C'est "sûrement peut-être" : j'ai rendez-vous avec Les Errances d'un Pantouflard de Jean-Benjamin Jouteur, une autobiographie qui me fait peur car je pourrais bien y retrouver ce que justement je voulais éviter...Déjà au moment de la couverture, j'avais choisi la version artistique - colorée - et peine perdue, l'auteur ne l'avait proposée que pour ressentir cet élan qui le portait vers l'ombre portée... Ce détail en dit long sur les fantômes qui vont jalonner son chemin et lui que je ne crois pas pantouflard en seul instant - sinon par goût du camouflage peut-être, va (encore !) bouleverser ma vision du monde.Affaire à suivre !
Et rendez-vous le 24 octobre à la Journée du Manuscrit pour le Grand Prix !
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