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Quand l'histoire nous rattrape... et vice versa

Pour celles et ceux qui suivent ce blog, vous avez constaté combien le sujet de la seconde guerre mondiale fait encore couler beaucoup d'encre et de larmes (Voyez la chronique de La Rose blanche). Et je vous confirme qu'il intéresse aussi bien les lecteurs que les auteurs, je vous le confirme.
En effet l'enchevêtrement des destins évoqués ressemblent bien au nôtre présentement.

Toute ressemblance avec des personnes ayant existé est pur fruit du hasard...

Chaque ouvrage est différent et à sa propre raison d'être. Dans celui-ci, l'auteur nous fait le cadeau d'expliquer la genèse de son histoire, d'une façon anecdotique qui le rend très proche de nous. En quelques mot, on se retrouve à sa table,  corrézienne et savoureuse, soit dit en passant.



Mais l'entrée en matière cache le plat de résistance : l'avertissement au lecteur (et moi, je ne résiste pas au plaisir renouvelé de vous renvoyer vers la page de Michel Balmont, qui est un pur délice en la matière car elle nous en présente une collection unique en son genre.


Bref, revenons à nos moutons. Quand un livre commence avec mille précautions - et l'avertissement de celui-ci occupe (c'est le cas de le dire) bien une demi-page, on a immédiatement la puce à l'oreille. Et on a bien raison ! Car la suite nous propulse dans ce non-dit indicible et dénié des choix plus ou moins assumés de l'avant, du pendant et de l'après-guerre, comme il y en a eu, me semble-t-il dans toute famille métropolitaine.

 Sans autre forme de procès et sans vergogne, je rapproche donc ce début de la préface de l'Écume des Jours par Boris Vian.

Avant-propos

Dans la vie, l’essentiel est de porter sur tout des jugements à priori. Il apparaît, en effet, que les masses ont tort, et les individus toujours raison. Il faut se garder d’en déduire des règles de conduite : elles ne doivent pas avoir besoin d’être formulées pour qu’on les suive. Il y a seulement deux choses : c’est l’amour, de toutes les façons, avec des jolies filles, et la musique de la Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington. Le reste devrait disparaître, car le reste est laid, et les quelques pages de démonstration qui suivent tirent toute leur force du fait que l’histoire est entièrement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre. Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité, en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion. On le voit, c’est un procédé avouable, s’il en fut.
La Nouvelle-Orléans.
10 mars 1946.

Un polar mené par un Anglais qui se demande "Indeed how can you be French?"

Et plus l'intrigue progresse, plus effectivement, la pelote s'embrouille. Le fil de l'évidence s'effiloche et la trame devient floue. L'atmosphère des lieux est aussi bien intérieure qu'extérieure : un mélange détonnant entre l'étouffé et le proclamé. Quand certains empilent les secrets, d'autres se livrent avec une naïveté déconcertante.
L'histoire des prénoms est presque touchante à notre époque. Les bureaux où les agents ont d'aussi belles relations de confiance et de sincérité appartiennent, selon moi, à un idéal absolu. J'aimerais me tromper pourtant, et rêver avec MR d'un monde où la bonne entente et la simplicité sont des priorités.


Depuis Merlin l'Enchanteur que la belle Viviane retenait prisonnier en son lac dans ses lacs (= filets, en vieux françois - cf "lacets"), le lac est le symbole parfait d'une société dont la surface réfléchit comme un miroir.

La mort, l'amour et les truands - ils ne sont pas là où l'on croit !


Comme dans les livres à succès, le niveau de lecture est multiple et on doute même des intentions des personnages. La fin est particulièrement bien menée avec une conclusion vertigineuse.
Ce n'est pas un roman qu'on lit, c'est un film qui nous entraîne avec ses scènes intercalées. Le rythme s'accélère, tant et si bien qu'il est difficile - voire impossible de le lâcher.

Juste un bémol pour le début, où (mais mon avis n'engage que moi évidemment), j'aurais aimé un clair-obscur plus marqué (Rendez-vous au prochain SEMI le 26 novembre à 10h pour savoir ce que je voudrais dire) sinon, c'est un peu "couru d'avance" - enfin voilà l'impression qui m'a tenue jusqu'au second meurtre.



En tous cas, je deviens de plus en plus fan de ce ton bonhomme qui caractérise le style de notre auteur. Les relations amoureuses qu'il dessine donnent beaucoup d'espoir, et pourquoi ça ? c'est un mystère !

Prochain SEMI le 26 novembre à 10h


Réservé aux auteur.e.s

En attendant,

Dans les tiroirs d'Écriture Plurielle, il est question de ...

  • La participation aux 10 mots de la langue française
http://www.espacepandora.org/le-jeu-des-dix-mots-2017.html
  • Un atelier d'écriture créative "Masque" le week-end prochain à prix libre et sur inscription :
https://framadate.org/ecriturepluriellemasque



Un projet d'écriture collective et pierre-bénitaine :

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