Errances d'un Pantouflard - Jean Benjamin Jouteur






Titre : Errances d'un pantouflard
Auteur : Jean-Benjamin Jouteur

Editions : Jean Bart Editions

 Année de parution : 2020


Et rendez-vous le 24 octobre 2020 à la Journée du Manuscrit pour le Grand Prix ! Commentez par ici : http://www.lajourneedumanuscrit.com/Errances-d-un-pantouflard



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Je proteste !

 

C'est sûr que JBJ est un magicien de l’émotion, qu'il nous offre une magnifique plongée dans un road-trip d'une parfaite intensité, qu'il nous a concocté de l'authenticité à haute dose qui pourrait réconcilier avec eux-mêmes les plus écorchés-vifs, qu'il a su éclairer le détail qui tue, choisir le décor le plus assorti, les marques les plus mythiques et que j'ai passé la majeure partie du temps à me dire : "Ah ! C'est vrai, moi aussi !", que j'attendais chaque soir avec gourmandise pour lire un petit bout....
MAIS !
Mais c'est trop COURT ! On n'a pas le droit de laisser les personnages et le lecteur en plan. C'est un truc à se fâcher avec ! 
Je n'en croyais pas mes yeux : au début, j'ai même cru à une plaisanterie, cette fin de partie, cette page tournée sur le premier chapitre. Le pire, c'est que j'avais lu le même reproche déjà dans d'autres chroniques et avis: la fin n'en est pas une, c'est juste une page normale après laquelle l'histoire a mille raison de continuer, les personnages de poursuivre leur destin et les Combes d'exister encore un peu, même si ce n'est qu'un souvenir du Grand Jean.
 Jamais la mort d'un chanteur connu ne m'a semblé aussi tragique...

L'autobio & le carnet de voyage 
https://www.jds.fr/medias/image/le-gigot-de-sept-heures-13873-600-600-F.jpg


Le carnet de voyage est à l'autobiographie ce que le Saint-Estèphe est à un gigot d'agneau à la cuisson de sept heures ou encore ce que la Bufflette est au Condor Narquois (Lisez : "ce que la Kawazaki est au narrateur de ce récit") : un booster énergétique.  
La connexion entre le dehors et le dedans, la société et la conscience, entre les idéaux du narrateur et les revendications des autres est troublante. Les errances du grand cornichon sont celles d'une génération, d'une époque floue  qui cite Brel en écoutant les Pink Floyd et qui ne mâche pas ses mots. Chaque personnage porte haut et fort ses convictions, dans sa colère pour Eliane, son évanescence poétique pour Dahlia ou son détachement à tout prix pour Victor. Chaque personnage est un étendard à lui tout seul, fier représentant d'un destin extrême et poussé jusqu'au bout, qu'on apprécie grâce au sens aigu de l'observation de notre futur psychopraticien (Ben, ce n'est pas un secret tout de même !) qui se tient à distance quand même...style Lombard - Przeżyj to sam !

Le courageux équilibre, c'est que l'auteur a résisté à la tentation d'embellissement ou d'enlaidissement de soi - juste qualité de comédien ! Il devient un personnage aussi fort et vrai que tous les autres mais tellement proche du lecteur et capable de tutoyer son père : une performance stylistique remarquable ! Dans ce récit magnifique, JBJ est le joker*, il s'adresse à tous et à toutes au travers des pages et des années.
Tambour battant, celui qui sait dire "Je" sans dire "Moi" a la puissance et la clarté d'une vie assumée. Alors bien sûr, il y a le bouclier de la mention "romancée". Où commence la vérité ? Où s'arrête l'imaginaire ? Je pense pour ma part que Boris Vian nous apporte la réponse à ces questions dans l'avant-propos de l'Ecume des Jours : "...l'histoire est entièrement vraie puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre".

J'ai vraiment eu l'impression d'être ta pote de galère

Comme toujours, l'autobio est un récit Happy End : forcément, si l'auteur est là pour mettre le point final, c'est qu'il est debout. Alors on n'a jamais peur pour le pantouflard qui se défonce aux pétards et qui ne trouve pas sa voie. On sait que le parcours est initiatique et que les errances ne sont que les raccourcis qui révèlent la saveur des jours : amère ou sucrée, au goût de chewing-gum délavé peut-être mais au final pour le meilleur - et que vivre consiste à risquer d'affronter la vie comme elle est : risquée justement, sans trucages, incompréhensible.

Et finalement, nous, on est à fond dans l'empathie, cher JB.

Alors tu leur en veux peut-être aux copines, à Claire, à Dahlia, et tu te vengeras peut-être (ou pas) dans la suite, mais elles t'ont rendu un fier service. Si ça se trouve, sans leur traîtrise, tu aurais fait carrière dans la barbe broussailleuse et dans le ravitaillement de rouge qui tache dans les bidons de lait, ou pire encore dans la routine planplan du métro-boulot-dodo. Et tu ne serais pas là pour nous raconter tout ça. La vie tient à un fil si fin parfois...

Bref, tu l'as compris, on est 100% avec toi pour la suite, que j'espère encore plus romancée, encore plus fantaisiste et surtout très très très longue. J'ai même un conseil pour toi, pour arriver à prolonger le plaisir magnifique des errances : Marcel.(Bon j'avoue, il a l'air un peu classique, vu de loin, Marcel mais il ne faut pas se fier aux apparences et avec la voix de Dussolier, ça passe crème !).

Bon je ne sais pas pourquoi je m'autorise de telles familiarités tout d'un coup - je me demande si les errances ne sont pas contagieuses.
Je te laisse les mots de la fin :





Errances d'un pantouflard | jean-Benjamin Jouteur


Que lire ensuite ?

Le nouveau Sylvie Etient m'attend déjà. J'ai lu le précédent : de la tendresse pour guérir les blessures et de l'humour parce que la vie est belle, si on y réfléchit bien ! Le titre est un programme : Ce qu'elles préfèrent dans le mariage ! On ne sait jamais, voilà qui pourrait m'encourager ;-)
Et d'après ce que je pense, c'est une avant-première et je suis impatiente de me lancer dans cette bêta lecture... En attendant la parution, retrouvez l'auteure en mode "Salon des Indés en ligne"






* Pour comprendre l'allusion au Joker, lisez Théâtre participatif - Des Maux en actes du même auteur. C'est édifiant et surtout on a l'impression que tous les livres de JBJ sont en 3D : lisez, vous verrez bien :-)






























Commentaires

  1. Les mots, dis moi les mots demande Don Quichotte et Aldonza-Dulcinéa alors le cite : Rêver un impossible rêve
    Porter le chagrin des départs
    Brûler d'une possible fièvre
    Partir où personne ne part
    Aimer jusqu'à la déchirure
    Aimer, même trop, même mal,
    Tenter, sans force et sans armure,
    D'atteindre l'inaccessible étoile

    Merci pour cette si belle chronique. JB (pas Jacques Brel, non, simplement Jean Benjamin)

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