Les Epureurs - MEG





Titre : Les Epureurs


Auteur : MEG


Editions : autoédition/ Amazon


Année de parution : 2018



Cette chronique est écrite pour le Salon de l'autédition


Coïncidences...

Le mensuel Tout Va Bien vient de sortir son numéro de février sur le thème "Littérature & Écologie". J'y propose un article sur la fiction, où je défends l'idée que la littérature d'anticipation ou futuriste prépare justement ses lecteurs à imaginer l'avenir de manière écologique. Il ne s'agit pas uniquement d'apporter des informations sur le sujet de l'écologie mais aussi de changer les mentalités, de bouger les lignes pour nous préparer à penser demain autrement. Ce qui est drôle, c'est d'avoir écrit cela et de se retrouver quelques jours plus tard à discuter avec Meg et Eric Maliska au Plateau Duchère.Autant dire que je me suis jetée sur Les Epureurs qui devenaient un signe du Ciel. Le titre me faisait un peu peur : je voyais une série de justiciers du futurs venus gommer le trop d'humanité qui nous restait. La preuve, sur la couverture, les êtres qui défilent sur le pont pour rejoindre la lumière conique d'une soucoupe, ressemblent à la modélisation chimique d'un ADN survolté. Mais curieusement, le nom de l'autrice me rassurait : "Meg". Ce pseudonyme me rappelle Les Oiseaux se cachent pour mourir, une histoire d'amour que j'ai entièrement oubliée. Je ne me souviens que de mon émerveillement à sa lecture. Voici l'état d'esprit dans lequel j'ai abordé cette lecture.

L'aventure et le suspense - sine qua non

Le néologisme du titre attise déjà notre curiosité. Le sens est clair : il s’agit de nettoyage. Au début, difficile de savoir le nettoyage de quoi cependant. En 2138, sur une planète en reconstruction, il ne paraît pas vraiment y avoir de problème de pollution. On comprend très vite qu’il s’agit de toute autre chose. Dans un premier temps, je me suis laissée happée par l’histoire des sélections. L’auteur nous propulse dans un univers différent du nôtre et en même temps très familier puisque les jeunes protagonistes doivent passer des épreuves. L’aventure commence comme à un examen et nous suivons les affres du groupe des candidats. Le stress et l’attente se traduisent différemment chez chacun, ce qui m’a donné matière à réflexion. Dès les premiers chapitres, je n’ai pas manqué de me rappeler mes divers passages dans divers concours en faisant des rapprochements avec les réactions de Solène, Tipone, Karl ou Nora. Ce côté « aventure » m’a encouragée à placer ce roman dans la catégorie Young Adult.

La science-fiction dans tout cela ?

Me revoilà dans l’épineuse question des genres : la couverture avec une soucoupe volante posée sur un faisceau lumineux annonce bien la science-fiction. Côté récit, les personnages vivent dans des conditions de bien-être, dans une certaine harmonie énergétique semble-t-il. En accompagnant les amis dans leurs repas et périodes de repos, on se prélasse aussi côté lecteurs. Il y a des douches intégrées dans les couffins, des mets délivrés sur commande et même des séances de massage. Le soleil se couche sur la mer, comme on en rêve. Les sensations de calme et de sérénité sont essentielles. Quelques réminiscences montrent les erreurs du passé (celles que nous commettons aujourd’hui en fait) et il est clair que cette époque a fait un bond en avant. Sauf que…

… sauf qu’il y a un hic : ce monde parfait n’est pas parfait. Il y a des ratés à corriger. Les Epureurs sont là pour ça. Le principal élément de suspense, c’est-à-dire la question qui nous tient en haleine dès les premières pages est le suivant : quel est le rôle de ces fameux « Epureurs » ? C’est peut-être plus important encore que celui des Réalistes, que j’imagine comme une élite politique. Et le tour de force, c’est que dans les dernières pages, on apprend que la réponse était partout, juste sous notre nez sans qu’on s’en aperçoive, grâce à la perspicacité de Clarisse. Du coup, voilà qui donne envie de relire d’un œil averti en prenant garde aux fluctuations des collectifs en connaissance de cause. L’autrice garde tout un pan de son univers en réserve : espérons que le tome 2 nous en dévoile davantage. 

Dire l'avenir, c'est le créer, n'est-ce pas ?

Pour autant, ce qui résonne de manière extrêmement contemporaine est cette manière d’envisager  les challenges et de chercher les solutions : de façon collective. C’est une version plus élaborée du club des cinq. L’intéressant n’est pas le puzzle de compétences complémentaires, c’est véritablement la dynamique du groupe à part entière. Peut-être Meg nous donne-t-elle la clé, à sa manière, de relations humaines plus harmonieuses. Justice et bien-être fonctionnent ensemble, alors qu’on n’a pas l’habitude de les associer. Le style clair et ensoleillé de l’autrice permet d’explorer ces thèmes d’une façon nouvelle, sans éviter des zones d’ombres qui attisent la curiosité. Pourtant, c'est justement ce style limpide qui m'a posé le plus de difficultés pour entrer dans l'histoire.
Quoiqu'il arrive, que les protagonistes se saoulent ou persévèrent, qu'ils perdent ou qu'ils gagnent, le phrasé se déroule inéluctablement calme. Comme si le narrateur était le témoin neutre de ce qu'il raconte, laissant toute la place au lecteur pour se forger sa propre opinion. Et là, je me sentais paresseuse : comment interpréter telle ou telle situation ? C'est peut-être ce que Meg attend. Que le lecteur se positionne, s'engage, réfléchisse à son tour, soit le témoin de ce nouveau monde.



Que lire ensuite ?

De Profundis de Eric Maliska

Parce qu'on peut classer cet auteur dans le même genre - et c'est un comble car il est diamétralement opposé. Comme j'aime les grands écarts, les contrastes et les oppositions, je m'offre une sacrée douche écossaise en choisissant un auteur indépendant que je fréquente pourtant depuis une année et qui a réussi à me la bâiller belle dans son roman hors-normes.


Les Epureurs - MEG

Pour l'avoir à soi : https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/les-epureurs

Le site de l'auteur : http://meg-auteur.fr/



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