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La ville Mode d'emploi ;-)

Quelle chance de pouvoir travailler ensemble au Plateau Urbain, me dis-je chaque matin.
Et c'est vrai car il n'y a pas un jour où je ne sois pas surprise ou étonnée du circuit des idées. Impossible en quelques lignes de vous faire part de toutes les surprises qui ont jalonné mes dernières journées : le serre-file, Diversidays, Radio Canut, la calligraphie, des appels à textes poétiques, etc.


Ma meilleure découverte  date de plus d'un mois quand Chloé a lancé l'atelier d'écriture du lundi soir au Plateau Duchère : Histoires & Fictions de la Duchère. Destiné au grand public, sur l'impulsion de Mohammad, bénévole pour une ONG je crois, il consiste à compiler les textes offerts par les participants dans une publication autoéditée et si tout va bien distribuée gratuitement aux participants lors du Salon de l'autoédition.

C'est là que nous avons parlé de Pérec.
- Ouhlà, j'ai lu Les Choses et j'en garde l'image du gris matérialiste...
- Ah oui, mais tous ses livres sont différents...
- Le nouveau roman, c'est ça ?
- C'est ça. Par exemple, dans un de ses textes, il fait disparaître la lettre -e...
- Le fameux lipogramme des initiés et je sais qu'après La Disparition, il écrit Les Revenentes en inversant la contraintes (et avec quelques licences orthographiques.)
- Et La Vie Mode d'Emploi, c'est complètement autre chose. C'est dans un immeuble, il y a des gens différents qui se croisent et racontent, ou alors il décrit les lieux. Je trouve que ça colle bien avec notre idée d'atelier : les gens se croisent sur un même territoire, sur un même lieu...

Bon, d'accord. le soir même, comme il n'y a pas de hasard, Oghusan, un de nos voisins du Plateau, en service à l'AFEV, cite en passant W ou le Souvenir d'enfance, comme un récit où fiction et réalité sont entremêlées voire inversées. Poursuivie, par Pérec, il ne me reste plus qu'une solution : l'emprunter.

J'ai mis trois semaines à commencer La Vie Mode d'Emploi, 573 pages avec le plan de l'immeuble et sans les sommaires. Et maintenant, je dois le rendre à cause de la réception du premier avis de retard.Merci à la médiathèque de la Duchère pour sa compréhension. Si vous lisez ce billet, vous saurez qu'il y en a 2 exemplaires empruntables dont l'un dans les œuvres complètes. Je ne résiste pas au plaisir de partager un petit paragraphe :

"La dernière année, il [Winckler] ne sortit plus du tout de chez lui. . Smautf prit l’habitude de lui  monter à manger deux fois par jour et de s’occuper de son ménage et de son linge. Morellet, Valène  ou Madame Nochère lui faisaient les petites courses dont il pouvait avoir besoin. Il restait toute la journée vêtu de son pantalon de pyjama et d’un tricot de corps sans manche, en coton rouge, sur  lequel il enfilait, quand il avait froid, une espèce de veste d’intérieur en molleton et un cache-col à  pois. Plusieurs fois Valène alla lui rendre visite dans l’après-midi. Il le trouvait assis à sa table en  train de regarder les étiquettes d’hôtel que Smautf avait ajoutées pour lui à chacun de ses envois  d’aquarelles : Hôtel Hilo Honolulu, Villa Carmona Granada, Hôtel Theba Algésiras, Hôtel  Península Gibraltar, Hôtel Nazareth Galilée, Hôtel Cosmo Londres, Paquebot Île-de-France, Hôtel  Régis, Hôtel Canada Mexico DF, Hôtel Astor New York, Town House Los Angeles, Paquebot  Pennsylvania, Hôtel Mirador Acapulco, la Compaña Mejicana de Aviación, etc. Il avait envie,  expliquait-il, de classer ces étiquettes, mais c’était très difficile : évidemment, il y avait l’ordre  chronologique, mais il le trouvait pauvre, plus pauvre encore que l’ordre alphabétique. Il avait  essayé par continents, puis par pays, mais cela ne le satisfaisait pas. Ce qu’il aurait voulu c’est que  chaque étiquette soit reliée à la suivante, mais chaque fois pour une raison différente ; par exemple,  elles pourraient posséder un détail commun, une montagne ou un volcan, une baie illuminée, telle  fleur particulière, un même liséré rouge et or, la face épanouie d’un groom, ou bien avoir un même  format, une même graphie, deux slogans proches (« La Perle de l’Océan », « Le Diamant de la Côte  »), ou bien une relation fondée, non sur une ressemblance, mais sur une opposition, ou sur une  association fragile, presque arbitraire : un minuscule village au bord d’un lac italien suivi par les  gratte-ciel de Manhattan, des skieurs succédant à des nageurs, un feu d’artifice à un dîner aux  chandelles, un chemin de fer à un avion, une table de baccara à un chemin de fer, etc. Ce n’est pas  seulement difficile, ajoutait Winckler, c’est surtout inutile : en laissant les étiquettes en vrac et en en  choisissant deux au hasard, on peut être sûr qu’elles auront toujours au moins trois points communs."

Merci à Udisciplinas pour le texte.

Ne trouvez-vous pas que classer des auteurs dans des catégories au salon de l'autoédition ressemble furieusement à l'exercice auquel s'est livré ce malheureux ?

Bonne fin de semaine et heureux classements, étiquetages et autres catégorisations à vous,
Céline.

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