Splendeurs et misères d'un Gaijin 「外人」 au Japon- Yacine Zerkoun




Titre : Splendeurs et misères d'un gaijin 「外人」 au Japon

Auteur : Yacine Zerkoun

Année de parution : 2018

ISBN : 979-1026225287



Rire en voyage, c'est l'antidote de la nostalgie


Si Yacine Zerkoun dans la vraie vie est bien le même que le narrateur de son livre, on ne doit jamais s'ennuyer avec lui ! Chaque chapitre, chaque page et chaque paragraphe apporte son lot de surprises, d'anecdotes, de blagues. Les images qui accompagnent le récit sont désopilantes. Non seulement le narrateur ne rate pas les occasions de se faire remarquer et assume les décisions hasardeuses qu'il a prises (comme de draguer pour faciliter l'obtention du visa, par exemple), mais en plus il se décrit avec une joyeuse lucidité.
Ce livre se lit comme on assiste à un One-Man-Show !
Quand je l'ai terminé, j'avais les yeux qui pétillent comme après une bonne rigolade entre potes. Autant dire que si on a des ados à la maison, qui râlent ou rêvent (au choix) au moment de partir en voyage, c'est le cadeau idéal: toutes les thématiques sont abordées - ou presque, dans leurs grandes lignes et mises en perspective.

On peut faire le clown sans pour autant prendre les autres pour des imbéciles.

Ce court récit, vous l'avez compris, ne s'encombre pas de longues descriptions détaillées. C'est pour cela qu'il s'agit plutôt d'un roman que d'un récit de voyage - J'avais même parfois envie d'en savoir davantage ! Même si l'action est centrée autour du narrateur - en tant que héros, le lecteur en apprend beaucoup sur la culture nippone. D'abord, certains mots sont écrits en japonais ou retranscrits. Les dialogues en anglais sont reproduits tels quels donnant une vraie dimension à l'histoire, qui prend une ampleur internationale. Tout est criant de vérité. (Et je me suis sentie bien, à lire tantôt en français tantôt en anglais - bon, pas en japonais quand même...mais il y a un cours sur le blog de l'auteur, au cas où ;-) )
Donc, le lecteur se retrouve témoin de tous ces moments de débrouille linguistique et de débrouille tout court, parfois tenté de participer : "Ah si j'y avais été, j'aurais plutôt fait ceci ou cela !"
C'est que le narrateur est un poète, sensible aux tournures de phrases, aux manières de dire et qui a le talent de laisser parler ses personnages. Ce roman bien écrit et bien construit se lit comme une lettre à la poste.

La différence entre les cultures, un impondérable ?

Et pourtant, au-delà de la poésie et de l'humour, reste un message fort : aller à la rencontre d'autrui. Car il est question de rencontrer la culture asiatique, c'est vrai, mais ce qui m'a surprise c'est de me retrouver à repenser le terme "Français". Et de m'apercevoir qu'il ne faut pas aller aux antipodes pour buter contre l'évidence. Le nom de l'auteur évoque une origine maghrébine. Et alors ? Ses références sont parfaitement françaises, d'autant plus marquées à l'étranger. Et je me suis souvenue... Adolescente, je n'arrivais pas tellement à délimiter ce qui était "français" en moi. Il a fallu aller jusqu'en Europe de l'est pour le ressentir très clairement. Indéniablement, confrontée à d'autres traditions, je me sentais française et on m'identifiait comme telle.Dans ce roman, j'ai eu la même impression. Yacine est le représentant d'une France libre et ouverte, joyeuse et généreuse, riche et fière. C'est un livre qui va de l'avant, avec un optimisme prometteur. Incontournable à notre époque mondialisée !

Que lire ensuite ?

Splendeurs et misères d'un Gaijin m'a rappelé l'autobiographie de Samir Safsaf, Succès des Echecs : même sens de l'autodérision, même sagesse en filigrane. J'espère que Samir pourra trouver le moyen de rééditer son ouvrage presque épuisé. Ou mieux encore : j'espère que ces deux auteurs auront un jour la chance de se croiser. Peut-être se raconteraient-ils tout ce qui n'est pas écrit dans leurs livres et qui contient - je le sais d'expérience- encore plus d'intensité.
En attendant, dans les jours qui viennent, ce seront les œuvres du Prix des Inconnus qui vont m'occuper. Jury de littérature générale, je chroniquerai bientôt le roman de Laurence Martin, L'eau de Rose.
C'est avec un immense plaisir que je continue de découvrir des auteurs vivants et contemporains. C'est tout un nouveau continent à découvrir.

Splendeurs et misères d'un Gaijin 「外人」au Japon- Yacine Zerkoun

Pour l'avoir à soi : https://www.librinova.com/librairie/yacine-zerkoun/splendeurs-et-miseres-d-un-gaijin-au-japon
À consulter aussi le blog dédié : http://kaimonoo.over-blog.com/
La page Facebook de l'auteur bien sûr : https://www.facebook.com/YacineZerkoun/

Et j'en étais sûre, pour la poésie : "J'observe le silence observé par les cieux"

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