L'eau de Rose - Laurence Martin



Titre : L'eau de Rose

Auteur : Laurence Martin


Editions : autoédition / Publishrom

Année de parution : 2018

Isbn : 979-10-236-0796-3


Cette chronique est écrite pour le Prix des Auteurs Inconnus - 2018-2019.

Cocktail de chagrins avec un zeste de passion

Pour être franche, j'ai lu ce livre à proximité d'une boîte de mouchoirs. Même si je pleure toujours à la fin des films ou alors pendant les scènes dotées d'une musique triste, je ne connaissais pas en moi la sensibilité qu'a éveillée L'eau de Rose. Dans cet ouvrage, nul besoin d'effets spéciaux pour que l'émotion me submerge littéralement. Les événements de l'histoire sont tellement poignants que les larmes me brouillaient souvent la vue : la mort des mères, le silence des pères, la culpabilité refoulée, l'impossibilité de vivre, l'autopunition sans fin - ou sans faim plutôt.
Et puis, comme des respirations, après des chapitres aussi angoissants, de grandes bouffées d'air avec des personnages au bonheur simple et contagieux, porteurs d'espoir. Je pleurais donc de plus belle, de joie cette fois, contente de voir tant d'amour surgir par magie.
C'est un roman qui met en scène le destin, dans toutes ses dimensions, avec une préférence pour le tragique cependant. Même si les pages du récit vont petit à petit lever une malédiction du silence qui a ruiné la famille et la vie de l'héroïne, le poids du sort est énorme. Et même si l'épilogue affirme : "Là où l'on s'aime, il ne fait jamais nuit", je garde l'impression d'un sort implacable responsable d'injustes séquelles.

L'effet miroir des mots d'amour

Au-delà du propos, l'écriture, la touche "Laurence Martin". Des histoires de famille s'entrecroisent, dont le point commun est Rose, l'héroïne. Elle est jeune. Elle est belle. Elle est artiste. Rose a tout pour réussir. Sauf qu'elle souffre d'un secret trop lourd à porter. Dépositaire par accident d'un carnet qui décrit un éveil, une résurrection après le deuil, elle parcourt elle-même le chemin d'un retour salvateur à elle-même. Elle affronte courageusement les épreuves nécessaires, galvanisée par le journal confié et nous la suivons de si près qu'elle en devient presque contagieuse. Je me suis retrouvée à vouloir moi aussi changer ma propre vie en bien. Rose échoue quelque fois et ce sont mes propres défaites qui m'apparaissaient alors.
C'est que l'auteur mène son récit avec une parfaite maîtrise de la phrase, de l'intrigue et du sujet. Avec des mots simples et quotidiens, elle campe une réalité que nous partageons, à la fois banale et extraordinaire, car chaque personne est unique, comme chacun de ses personnages est unique. Le point de vue de Rose dirige l'ensemble du récit. Nous suivons ses pensées, ses regards, ses efforts. Grâce à un style naturel, où la phrase tantôt s'étire et se ramifie, tantôt se concentre en quelques mots et claque, nous devenons Rose elle-même.
Quelle famille n'a pas de secrets ? Quelle vie n'a ni écueils ni épreuves ? C'est justement par la spontanéité de son expression que cette histoire bien particulière prend une dimension absolument universelle.

Et pourtant la psychologie n'est pas mon amie

 Après tant d'émotions qui m'ont tenue en haleine pendant toute ma lecture (impossible de lâcher l'ouvrage avant de l'avoir terminé), pourtant,malgré tout, je me suis sentie ... comment dire ? eh bien, en colère. 
Voilà, le mot est juste : en colère.
Comme si ce roman s'était fixé comme objectif d'illustrer une théorie psychologique et finalement de manipuler nos émotions. C'est le moment peut-être de me livrer à une introspection : souffrirais-je moi aussi d'un secret refoulé que la lecture de ce roman, à l'instar de celle du petit carnet pour Rose, pourrait dénouer ? Il est trop tôt pour le dire, à ce stade. Je sens pourtant que je suis un peu différente de celle que j'étais avant de lire ce roman.
Certains passages me laissent perplexe : la proposition d'un engagement dans l'humanitaire comme antidote et panacée au mal de vivre me met également mal à l'aise, même si elle correspond sans doute à une réalité. 
Bref, quelques une des idées qui sous-tendent ce récit me laissent confuse... et un peu frustrée aussi, comme dans les contes de fées, où la fin arrive sur : "Et ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". Le message d'espoir qui se traduit par les changements radicaux intervenant dans ces vies transies m'a paru un peu naïf, parfois, comme quand on souffle sur un genou écorché en disant : "J'ai soufflé ; cela ira mieux maintenant." Et pourtant, c'est ainsi que la narratrice surmonte en quelques mois cette vie entière de mensonges parce qu'elle l'a décidé. Une petite voix dans ma tête me soufflait que c'était un peu trop facile comme solution. Sans doute. Peut-être était-ce justement la voix du petit diablotin qui me freine sans cesse ?
 Ce que j'aurais voulu savoir en revanche, c'est comment Rose et sa sœur vont construire sur leurs ruines, une fois le secret révélé. Si le Ciel les a aidées une fois grâce à cet accident inattendu, comment graviront-elles la montagne qui pourra les mener à la vie d'amour promise ?  J'encouragerais volontiers l'auteur à un tome 2 qui nous emmènerait sur d'autres voies, celles de la résilience et de la reconstruction.

En écrivant ces mots, je me dis aussi que selon les différentes étapes de la vie, la littérature nourrit d'autres attentes, d'autres espoirs en nous. Aurais-je passé l'âge des rêves effrontés qui défient le cours des choses ? Et entrerais-je dans une ère aux tons plus soutenus et aux vœux plus terrestres ? 
Si tel est le cas, je conseillerais ce livre aux jeunes de l'âge de l'héroïne, qui s'éveillent à la vie et secouent leur passé pour mieux vivre leur avenir.

Que lire ensuite ?


Chemin du bout du monde : Un roadbook, une enquête. Jean Benjamin Jouteur.

La couverture de ce roman a pour moi un air de déjà-vu : à un moment donné, j'étais là, exactement dans le couloir d'un squat délabré avec un type à capuche qui s'est retourné vers moi avant de disparaître. Maintenant, c'est vrai que tout ne colle pas parfaitement. Personne n'était mort juste avant. Il n'y avait pas de silhouette tracée à la peinture bleue sur le sol. Quoique... à bien y réfléchir... c'était il y a longtemps... trop longtemps pour que je me rappelle les détails... et même si quelque chose me revenait en mémoire, ça m'étonnerait que je veuille m'en souvenir. Je vais préférer me plonger dans un bon roman noir à la place. Un roman de Jean Benjamin Jouteur, assurément.


L'eau de Rose -Laurence Martin



Pour l'avoir à soi : https://www.publishroom.com/librairie/229-l-eau-de-rose-de-laurence-martin-9791023607956.html

ou encore avec tous les commentaires clients : https://www.amazon.fr/Leau-rose-roman-familial-émouvant-ebook/dp/B0799HLM7D/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1517995220&sr=8-1&keywords=l'eau+de+rose+laurence+martin

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